La basilique de notre dame d’Afrique: un lieu et une histoire de coexistence
Notre-Dame d’Afrique c’est un peu la sœur algérienne de la Bonne mère de Marseille. Les deux lieux de culte se font face de part et d’autre de la Méditerranée. De là-haut la vue est sublime. Et comme à partir de la Casbah, on pourrait croire que les bateaux marchands volent puisque selon la météo il peut être vraiment difficile de distinguer la mer du ciel. La basilique de Notre-Dame se situe à Bologhine (autrefois le quartier Saint Eugène), dans l’ouest de la capitale. Elle surplombe le stade de football de Bologhine et le cimetière juif et chrétien de Saint-Eugène, qui sont tous deux visibles depuis l’immense parvis. De là-haut, on peut aussi observer la baie d’Alger et Bab El Oued.
Pour accéder au lieu de culte, on prend soit sa voiture (il y a un parking) soit un taxi, soit un bus qu’utilisent aussi les habitants qui habitent sur les hauteurs de Bologhine. La route est tortueuse et laisse déjà entrevoir ce que la vue sera d’en haut.
Madame l’Afrique ou Lalla Myriam
Une fois arrivée, l’accès de la basilique est gratuit mais comme pour les autres églises les visiteurs peuvent faire un don en déposant de l’argent dans les boites en bois qui se situent à l’entrée. A l’intérieur, le silence est lourd, l’ambiance est solennelle. Bien que la communauté catholique ne soit pas importante dans le pays, Notre-Dame est toujours là, vivante et bien entretenue.
Perchée à 124 m au-dessus de la mer, la construction de cette basilique dura de 1858 à 1872. Orientée sud-ouest, elle est signée par l’architecte diocésain Jean-Eugène Fromageau (1822-1896). Consacrée en 1872 par Mgr Lavigerie, fondateur des Pères blancs, elle est l’œuvre de l’architecte Jean-Eugène Fromageau. La basilique, couramment appelée Madame l’Afrique ou Lalla Myriam, est dédiée à la Vierge. Sa construction est l’aboutissement d’un pèlerinage qui débuta en 1846 à l’initiative de deux Lyonnaises, Marguerite Berger et Anna Cinquin, qui placèrent une statuette de la Vierge dans le tronc d’un olivier d’un ravin voisin en hommage au sanctuaire de leur ville natale. La chapelle Saint-Joseph, érigée en 1857, fit suite à ce premier sanctuaire avant d’être supplantée par la basilique, dont les travaux débutèrent en 1858. Coiffée d’un dôme orné d’une croix et flanquée d’un campanile en forme de minaret abritant onze cloches, la basilique est construite dans un style néo-byzantin. Sa façade sobrement décorée est couronnée par une frise en céramique bleue et blanche.
Charles de Foucauld et l’astronaute Frank Borman
A l’intérieur, de style hispano-mauresque, les murs sont couverts d’ex-voto offerts par des croyants de toutes confessions venus d’Algérie, de toute l’Afrique et d’ailleurs en reconnaissance à la Vierge Marie. Ecrits en français, en arabe ou en kabyle, les premiers datent des origines de la basilique, d’autres sont très récents.
Parmi eux, vous remarquerez celui du père Charles de Foucauld, celui de l’astronaute Frank Borman qui visita le sanctuaire en 1970 et sur lequel est inscrite une parole de la Genèse prononcée dans l’espace en 1968 et ceux des marins remerciant la Vierge de ne pas les avoir abandonnés pendant les tempêtes. Dans l’abside aux murs ornés de fresques retraçant la vie de saint Augustin et de sainte Monique – sa mère -, se dresse la statue de Notre-Dame d’Afrique offerte en 1838 par les jeunes filles du pensionnat du Sacré-Coeur de Lyon à Mgr Dupuch. La couleur de son bronze altéré par le temps vaut à la statue la dénomination de Vierge Noire.