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Exclusive : Djilali Mehri «On ne manque pas de capacité hôtelière, nous manquons de touristes»

«Le vrai trésor de l’Algérie ne réside pas dans son pétrole, mais plutôt dans son tourisme », n’a cessé de le répéter à chacune de ses sorties médiatique M. Djilali Mehri. L’homme est convaincu que le secteur du tourisme peut constituer une « réelle alternative économique ». Dans un entretien exclusif au journal DZtourisme, M. Djilali Mehri parle de ses projets, mais aussi de ses ambitions pour «contribuer au développement du secteur du tourisme dans notre pays ». Entretien.

 Dztourisme : Juste après l’inauguration de la résidence «La Gazelle d’or», le groupe GIMMO s’est quelque peu éclipsé. S’agit-il d’un moment de répit ou c’est dû à d’autres considérations ?

Djilali Mehri : Vous avez dit éclipsé ? bien sur que non ! Depuis l’ouverture au public de «La Gazelle D’Or», nous avons ouvert avec notre partenaire Accor 2 hôtels à Sétif et depuis quelques jours seulement un complexe restaurant «l’Oasis planète» en plein cœur d’Alger, sans compter les projets que nous préparons et qui ne tarderont pas à voir le jour.

Justement, Il y a quelques jours, vous avez inauguré l’Oasis Planète situé en plein centre-ville d’Alger. Dans quelle optique, vous avez inscrit la réalisation de cette importante œuvre gastronomique ?

L’ouverture de l’Oasis Planète c’est d’abord notre contribution à l’animation, notamment nocturne, de la capitale. Alger doit vivre comme dans toutes les capitales du monde. Une façon de tourner définitivement la page des heures sombres que nous avons connues par le passé et qui ont conduit les algérois à ne pas sortir la nuit et à se replier sur eux-mêmes.

Nous voulons être une locomotive de cette animation du centre ville et créer une dynamique qui va entrainer tous les commerces à ouvrir notamment en soirée.

Vous avez convenu en 2005 avec le groupe Accor de construire 36 hôtels de 100 chambres de types Ibis. Or, il a été constaté qu’il y a eu ralentissement de ce processus. Peut-on connaitre les raisons ?

Je rappelais tout à l’heure que nous avions ouvert il y une année à peine, 2 hôtels à Sétif, un hôtel « IBIS » et un « NOVOTEL ». Entre temps nous avons engagé 3 nouveaux chantiers : à Alger la construction d’un nouveau « NOVOTEL » 4 étoiles de 250 chambres dotées de luxueux équipements. Nous avons engagé un projet d’extension de l’Hôtel « IBIS » Alger actuel pour porter sa capacité à 369 chambres et nous réalisons un hôtel « IBIS » à Mostaganem.

Des investissements qui se montent à plus de 8 milliards de dinars. Comme vous pouvez le constater, nous poursuivons plus que jamais notre programme d’investissements malgré les difficultés d’accès aux assiettes foncières que nous continuons de rencontrer.

Votre groupe a décidé d’orienter l’essentiel de ses investissements vers le secteur touristique. Pouvez-vous nous dresser un état des lieux de ce que vous avez déjà entrepris et de ce que vous comptez entreprendre à l’avenir?

Ce que nous avons entrepris dans le secteur du tourisme est connu : 7 hôtels en partenariat avec le Groupe Accor déjà ouverts, 3 en cours de réalisation, « Le Royal Hôtel » d’Oran appartenant à notre Groupe et « Le Complexe Touristique d’El Oued »

Mon rêve a toujours été de construire des hôtels et contribuer au développement du tourisme dans notre pays, du désert à la mer. Reste aujourd’hui à réaliser un complexe touristique balnéaire de l’envergure et de la qualité de « La Gazelle d’Or » d’El Oued.

J’essaye, mais en vain, de réaliser un complexe d’une capacité de 6.000 personnes à MADAGH un endroit magique situé entre la willaya d’Oran et celle de Ain Témouchent. J’ai réalisé par le biais d’un bureau international d’architecture et d’Urbanisme une étude de plusieurs millions de dollars que j’ai présenté aux pouvoirs publics pour l’obtention de ce site de Madagh, tout cela depuis 11 ans exactement.

Je crois savoir que cet endroit magnifique a été transformé depuis 2 ans en abri de pêche et en lotissement privé destiné à la construction de résidences secondaires. J’en ai ressenti une forte déception non pas pour ma personne mais pour l’ambition touristique que j’ai toujours nourrie pour mon pays.

Quel regard vous avez aujourd’hui sur le secteur du tourisme en Algérie ?

Pour préparer l’Algérie au tourisme, il faut commencer par améliorer la qualité de service. Pour cela il faut laisser ce rôle au secteur privé et non au secteur public hôtelier comme c’est le cas dans tous les pays du monde. Cela devra se traduire par un désengagement de l’Etat de ce secteur.

Ensuite, il faut assouplir considérablement les procédures d’établissement de visas jusqu’à ne plus exiger de visas du tout comme c’est le cas de nombreux pays comme nos voisins, la Turquie par exemple. Ouvrir le ciel au transport aérien et notamment aux charters pour faciliter le transport des touristes.

Agir enfin pour que les chancelleries étrangères cessent de classer notre pays, de pays à hauts risques, ce qui n’est plus le cas.

En votre qualité d’investisseur dans le secteur hôtelier, croyez vous que notre pays a encore la possibilité de rattraper le retard accusé jusque-là

Certainement ! Il faut prendre des mesures courageuses et immédiates comme celles que je viens de citer, d’autant que nos hôtels accusent aujourd’hui un taux d’occupation très faible. Nous ne manquons pas de capacités hôtelières aujourd’hui, comme c’était le cas hier, nous manquons de touristes !

Malgré le nombre d’hôtels élevé construit ces dernières années, il n’en demeure que les prix proposés sont toujours en hausse. Comment expliquez-vous cela ?

Le prix d’une chambre dépend d’abord de son coût d’investissement. Malgré la défiscalisation de l’investissement hôtelier, le prix de revient pour réaliser une chambre reste plus élevé de 30% par rapport à celui de nos voisins. Il faut analyser de près cette situation due en grande partie à notre dépendance des importations de biens et services étrangers.

L’autre raison tient au faible taux d’occupation de nos hôtels et donc de l’afflux touristique: en dehors d’Alger, nos hôtels affichent des taux d’occupation inférieurs à 40% voire même inférieurs à 30% ce qui est insuffisant pour assurer un retour sur investissement et réduire les tarifs.

Des spécialistes considèrent que la relance du secteur du tourisme dans notre pays passe par la relance du tourisme interne. Votre avis ?

Oui, dans le cas ou le pouvoir d’achat du touriste est en rapport avec le cout de revient de son séjour touristique. Le tourisme interne prépare et complète l’appel au touriste étranger.

Ce n’est pas encore le cas pour notre marché : nos citoyens ont en moyenne un faible pouvoir d’achat et c’est la raison pour laquelle il faut faire appel aux touristes étrangers pour assurer un équilibre économique de nos installations touristiques.

Le mot de la fin

Nous avons un beau pays avec des ressources touristiques inestimables. Le sud de notre pays notamment offre des sites aussi variés qu’uniques dans leur genre : TIMIMOUN, DJANET et la région du Tassili, TAMANRASSET et la région du Hoggar, EL OUED, GHARDAIA et le M’Zab, pour ne citer que ceux là constituent des destinations touristiques exceptionnelles que beaucoup de pays nous envient.

Sans compter nos atouts au nord de notre pays : les vestiges, les ruines romaines de Tipaza Djemila Timgad les villes d’Alger, Oran Constantine Tlemcen avec leurs sites et leur passé sont d’autant de destinations touristiques. A nous de tirer partie de tous ces joyaux dont la nature nous a dotés.

Entretien réalisé par Kenza Liliane

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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